Interview Le Bask – Le Grand Asylum

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À l’occasion de son set spécial Halloween, nous avons eu la chance d’interviewer Benjamin Urquijo, plus connu sous le nom de Le Bask, pour en savoir plus sur les coulisses de la réalisation de ce show unique mais aussi sur l’actualité de l’artiste. Nous l’avons également interrogé sur la position de sa société Pandemic Events durant cette période difficile que traverse l’évènementiel.
Nous vous laissons découvrir l’interview de ce pilier du hardcore à la française !

1) D’où t’es venu l’idée du live stream dans un escape game pour Halloween ?

Cet été, en prenant conscience que nous ne pourrions pas reprendre en septembre, je me suis demandé comment proposer du nouveau contenu aux gens qui me suivent.
Je me suis posé pas mal de questions sur notre « utilité » en tant qu’artistes, acteurs de la culture etc. et j’en suis venu à me dire : procurer des émotions, faire passer des messages.  J’ai réfléchi à une manière d’exprimer notre ressenti durant cette période.
L’idée première n’était pas de tourner dans un escape game. Le tournage dans le lieu initial a été annulé la veille, nous avons dû trouver un autre endroit et mon choix s’est porté sur cet escape game : « The Grand Asylum. L’exorcisme du patient 148 ».
En revanche, le choix du 31 octobre n’est pas un hasard, je ne savais pas comment les gens allaient accueillir un set qui sort de mon répertoire habituel.  Je me suis dit qu’Halloween ferait mieux passer la pilule.

2) Quel était ton ressenti lors des prises de vues pour l’intro de ton stream au sein du Zénith de Montpellier totalement vide ?

Ça fait vraiment bizarre … Surtout le Zénith de Montpellier … C’est un lieu que je connais très bien, j’y vais en tant que spectateur depuis que je suis ado et j’y ai organisé la première édition de mon festival « Chronicle » en 2017.  On se rend compte à quel point une salle comme un Zénith n’est rien sans public.

3) Qu’est-ce qui t’a motivé pour réaliser ce stream hardtek / early hardcore avec du matériel de mix aussi pointu ?

J’ai surtout voulu me faire plaisir avec un style et une ambiance que j’adore particulièrement. Le matériel ne vient qu’en second plan.
Ce qui m’a plu dans ce set c’est le travail sur les morceaux, la réutilisation de samples et boucles. Je voulais créer une continuité audio et faire en sorte que l’on ne perçoive presque pas les transitions.
La deuxième chose que j’ai voulu faire était de confronter les époques, les mélanger. C’est ce qui fait que j’ai joué des morceaux comme Exlxaxl de Jappo & Lancinhouse avec Sweet Dreams You Bastard de Teksa et The Headbanger par exemple ou encore des morceaux comme Reset de Mad Dog pour finir avec un remix de Gib Mir Die Bass (Tschabos) par Furyan.
Ouvrir le set sur Danse Macabre de Dr Macabre devait donner le ton.
Et certains ne l’ont peut-être pas connu ou reconnu mais il y a aussi eu Angerfist avec End.

4) D’autres live streams comme celui-ci sont-ils prévus dans les mois qui arrivent ?

On a pris tellement de plaisir avec l’équipe que nous allons remettre ça. Les retours du public sont géniaux !

5) As-tu eu du soutien de tes homologues par rapport à ton stream ?

Le soir du direct le set a été crossposté sur pas mal de pages Facebook, comme Hardcore France par exemple, mais également des clubs comme le Warehouse, des magazines comme Valliue, des shops comme Etilik, des pages d’artiste comme Suburbass, des organisateurs … En tout, une quinzaine de pages ont répondu favorablement.
C’était vraiment cool de voir tout le monde accepter ce partage sans savoir ce qui allait être diffusé.
Ce set n’aurait également pas pu être réalisé sans l’aide précieuse de certaines personnes, notamment mon beau-frère Rémi Jannequin (intermittent, cameraman) et un autre ami proche Jérémi Proietti (intermittent lui aussi, comédien, créateur et régisseur lumière). Tous deux ont accepté de m’aider dans ce projet.
On avait déjà un peu de matos personnel et on s’est arrangé pour s’en faire prêter, notamment les lumières, la console light. On a tous bossé pour le plaisir. C’est grâce à eux et à ce genre d’actions que des projets comme celui-ci peuvent aboutir. On voit bien une fois de plus que notre métier est une unité, on dépend tous les uns des autres.

6) Es-tu sur un ou plusieurs projets en ce moment ?

Je travaille sur trop de projets en ce moment ! (rire)

7) Cette année tu avais comme projet de réaliser « Chronicle Winter », qui est malheureusement resté dans les cartons à cause du Covid-19. Peux-tu nous en dire plus sur ce qui devait nous attendre ?

J’avançais sur une date, le 05 février 2021, pour une édition en intérieur.  En gros, c’était un évènement similaire à celui de 2017, un indoor.

8) Comment vois-tu l’évolution de l’évènementiel et plus particulièrement celui de la Hard Music dans les mois et années à venir ?

Actuellement, j’ai mis mon cerveau sur OFF. J’avance au jour le jour sur des projets réalisables sur du court terme, des choses qui me font du bien et qui me tiennent à cœur. Je donne sans rien attendre en retour. C’est important pour nous, acteurs de la culture, de s’enlever un maximum de stress. On s’en inflige assez en période « normale ».
Concernant les mois à venir, il faut rester fort. La période actuelle n’est pas toujours propice à la création ; c’est dur pour certains d’allumer le studio et de faire de la musique en sachant que rien, ou quasi rien, ne va rentrer à la fin du mois. Il ne faut rien lâcher !
Concernant l’avenir de la Hardmusic, c’est compliqué de donner son avis en quelques lignes… Le point positif, c’est qu’à la reprise le public sera là. Par contre cela sera compliqué pour certains organisateurs, il faudra un changement radical des mentalités de l’ensemble des acteurs à tous les niveaux pour pouvoir reprendre sereinement (agence de bookings, conditions de locations etc.). On ne pourra pas reprendre avec le même modèle économique et je pense que l’ensemble de la filiale devra se coordonner pour imposer un changement.
En France, la Hardmusic se porte bien mais elle a ses limites.
Avant le confinement, je pense que certains commençaient à travailler au-delà de leurs limites, à accepter un rythme ou des conditions imposées par les agences, soi-disant imposées par le marketing ambiant.
Les choses doivent changer dans tous les cas ou on retournera droit dans le mur… Enfin « on »… ceux qui accepteront de travailler comme ça.

9) Comment se porte Pandemic Events face à cette crise sans précédent ?

Pandemic Events va bien. On est en veille active. La société est à l’arrêt mais nous optimisons le temps. On s’est inscrit sur pas mal de formations, dont certaines prises en charge par l’AFDAS (Assurance Formation Des Activités du Spectacle) et délivrées par Legispectacle par exemple, et également d’autres gratuites que propose la région via des organismes comme Illusion & Macadam. On utilise ce temps pour développer nos compétences dans l’événementiel.
Concernant les dates et projets on attend le feu vert du gouvernement.

Si vous avez manqué le set spécial Halloween de Le Bask, pas d’inquiétude !
Il est disponible sur YouTube en suivant ce lien : https://youtu.be/IvVtNHemBu8

Tanguy BLACHERE