LEM-X, le Hardcore façon Suisse

English version here.

À l’occasion de la sortie de son nouveau morceau Carve You Up signé chez Hardcore France Records, nous avons eu la chance de pouvoir interviewer Jean-Philippe Cotteron aka LEM-X, afin de vous présenter cet artiste à la carrière fantastique qui est considéré comme l’un des pionniers du Hardcore en Suisse.
Nous vous laissons découvrir cet artiste incroyable et plein de surprises à travers les questions que nous avons pu lui poser.

1) Pour commencer, peux-tu nous raconter d’où tu viens et comment tu en es arrivé là aujourd’hui ?

Par où commencer… je suis un p’tit Suisse qui a débuté le mix en 1994.
J’ai été professeur pendant quatre années dans une école de DJs que nous avions créée avec des amis de l’organisation Or-Beat. Avec cette même organisation, nous avons organisé une centaine de soirées en Suisse pendant une dizaine d’années.

Mes premières productions ont vu le jour en 1997 sur la compilation de la première Lake Parade à Genève, puis en 2000, le label italien D-Boy Records m’a pris sous son aile. Plusieurs productions sont sorties dessus dont la célèbre Madness War. Une sacrée belle époque qui restera gravée très longtemps dans ma mémoire, surtout avec les soirées à Rimini (Extreme Gheodrome) et au Number One, des ambiances uniques en Europe à l’époque, surtout avec les pyramides humaines !
Depuis cette époque j’ai enchaîné les soirées et productions, c’était la folie, puis les années ont passé et des projets privés m’ont poussé à quitter la scène pendant presque 10 ans.

Ce n’est qu’en 2017, en recevant l’appel d’un ami qui souhaitait m’inviter à jouer dans une soirée, un « floor remember » de D-Boy Records, que j’ai eu à nouveau le déclic pour cette musique et la passion est revenue comme si elle n’était alors jamais partie. Je me suis dit : « Aller au boulot le J-P ! Hop à fond dedans ! ».
Je me remets donc à la production mais je mets quand même un certain temps à me remettre à la page point de vue sons et façon de produire, puis en 2018, comme je voulais sortir mes propres morceaux, j’ai décidé de créer mon label Handkcuf Records. Et depuis ce jour, c’est le feu, je ne me suis plus arrêté, il me faudrait des journées de 48 heures pour rallier mon vrai job et tout ce que je dois faire à côté avec la musique, gérer le label et mes autres passions.

Actuellement, la musique que je crée est souvent liée à mes émotions. Quand je suis dans mon studio, j’ai souvent des textes assez sombres mais j’essaie justement que ce côté soit transformé en émotions dans les breaks avec des mélodies euphoriques qui me font vibrer. J’espère que cela fait aussi vibrer d’autres personnes. (rire)

Je mets un réel point d’honneur à rester dans le style Hardcore Mainstream car je n’ai pas envie de dévier sur ce qui marche actuellement et d’être « à la mode » en variant avec de l’Uptempo par exemple, car même si certains morceaux d’Uptempo sont bien produits, je trouve qu’ils manquent souvent d’émotions.
Le Hardcore pour ma part doit être un mélange entre la Hard Music et les émotions et c’est ce que j’essaie de faire.

2) Comment s’est passée cette année si particulière pour toi ?

Pour ma part, cette année a été très productive, plusieurs sorties sur mon label Handkcuf Records dont la musique In Da Club en septembre 2020, d’autres sur des labels comme Footworxx ou Disobey et une grosse collaboration avec Andy The Core sur son dernier album « Undisputed ».
J’ai eu en octobre, la joie de pouvoir sortir sous le label State Of Anarchy un remix de Dicks, Pussy’s and Assholes de Tha Playah (disponible aussi sur la dernière compilation Thunderdome « High Voltage »). Et pour le dernier mois de l’année 2020, le morceau Always Louder sur le label hollandais Afterlife et bien sur Carve You Up chez Hardcore France, que je remercie encore beaucoup pour cette opportunité !

3) As-tu des projets en cours ?

Actuellement j’ai plusieurs projets de collaboration terminés ou en cours. Certains sont d’ailleurs prévus pour début 2021. Je suis également sur la préparation de mon premier album solo, que j’espère pouvoir sortir pour mai / juin 2021.

4) Si tu pouvais changer quelque chose pour le développement de la Hard Music en Suisse, qu’est-ce que ce serait ?

Mhhh par où commencer… Avant 2007, il y avait énormément de soirées en Suisse, chaque week-end, dans tous les coins du pays, de petites comme de très grosses.
À présent, il y a beaucoup moins de soirées et d’organisations. On trouve cependant de la très bonne qualité dans ces soirées mais elles sont moins nombreuses et les gros événements sont très rares.
Il n’y a actuellement qu’une ou deux organisations seulement (en Suisse allemande) qui organisent des soirées de grande ampleur. J’espère que dans le futur cette scène s’agrandira à nouveau car le public est là, nombreux et n’attend que cela.

Point de vue production, il y a d’excellents artistes comme Invaïssor, The Paranoize, The Dissident, Strobcore, ainsi que des labels, pas très nombreux actuellement. Pour ne citer que les deux principaux, Handkcuf et Nekrolog1k. Il y a une réelle envie de faire quelque chose pour faire évoluer la scène dans le pays mais malheureusement c’est un peu chacun pour soi alors qu’il faudrait se serrer les coudes pour créer quelque chose de fort et aurait une meilleure portée en dehors de la Suisse. Si je pouvais changer quelque chose, je pense que ça serait cela mais la tâche serait très compliquée à réaliser.

5) T’arrives-t-il d’écouter d’autres styles de musique ou es-tu 100 % Hardcore ?

Oui j’en écoute beaucoup d’autres, je suis ce qu’on peut appeler une personne éclectique sur ce point !
En général, quand je ne suis pas au studio, en soirée ou derrière la console, j’écoute très rarement du Hardcore.
En revanche, j’écoute énormément de Hip-Hop Oldschool. Pour n’en citer que quelques-uns : KRS-One, NWA, Ice-T, Geto Boys, Ice Cube, Gruf the Druid, PE, Guru.
J’écoute aussi du New Wave, tel que The Cure, Sisters Of Mercy ou Joy Divison.
J’apprécie également la musique l’électronique plus soft comme Avicii, The Avener ou Faithless.
Et pour finir, du métal, que j’apprécie particulièrement, comme Body Count, Rage Against The Machine, Sepultura, Slayer.
Mais certains groupes mythiques ne quittent jamais ma playlist quotidienne : Led Zeppelin, The Jimi Hendrix Experience, Pink Floyd.

Bien sûr j’écoute énormément d’autres groupes et styles de musique mais ce sont les plus importants, certains m’ont vraiment beaucoup influencé dans des moments de ma vie.

6) Où trouves-tu ton inspiration pour composer tes musiques ?

Il y a pas mal de choses qui rentrent en compte dans mes inspirations, la principale c’est mon état d’esprit ou l’humeur du moment, qui peut vraiment influencer mes idées, les sons et les paroles d’un morceau. J’écoute aussi attentivement toutes les nouveautés qui sortent en hardcore, voir ce que les autres font, les nouvelles techniques utilisées, etc.

Bien sûr, le background de mon expérience dans le milieu Hardcore, les artistes rencontrés, les différentes évolutions qu’il y a eu dans la scène depuis 26 ans : Early, Old School, Happy, Millenium, New School, Mainstream et tous les nouveaux styles qui en ont découlé.
J’écoute beaucoup d’autres styles de musiques également, je ne vais pas dire que cela m’influence directement mais le fait d’écouter d’autres sons me permet de déconnecter du studio afin de revenir avec la tête vide pour pouvoir me replonger dans la production.
Ce qui est sûr, c’est que ce qui passe actuellement sur les radios grand public ne m’influence pas du tout. Désolé de vous décevoir mais je ne suis pas près de faire un remix de Jul. (rire)

7) Peux-tu nous raconter l’histoire de ta dernière sortie Carve You Up ?

Carve You Up est née à un moment de l’année où je n’étais pas très bien on va dire. Je ressentais un peu de haine et d’incompréhension à cause d’une situation personnelle.
Un soir j’étais au studio, je cherchais un sample de voix cool, à la base pour faire un morceau tranquille style Mainstream, puis je suis tombé sur cet a cappella de Necro et ça a tout de suite fait mouche dans ma tête. J’ai produit le morceau assez rapidement. Ce projet m’a beaucoup motivé et cela m’a permis d’évacuer pas mal de choses. Le résultat est une musique plus violente que ce qu’il peut sortir habituellement de mon studio mais qui garde les sonorités que j’aime, le tout en y rajoutant une petite touche de Frenchcore avec une kick-line bien punchy.

8) Pour finir, y a-t-il une collaboration que tu n’as pas encore faite et qui te ferait vraiment envie ?

Jul ! (rire) non je déconne !
Ouais bien sûr il y en a pas mal mais si je pouvais choisir de faire une collaboration avec un artiste ça serait avec Tha Playah qui reste mon artiste préféré depuis longtemps. Je trouve qu’il a une technique incroyable de production, la façon de travailler ses sons, les sonorités qu’il arrive à faire.
C’est aussi pour moi un artiste qui est toujours resté fidèle « au vrai esprit Hardcore ».

Actuellement il y a quelques collaborations qui sont terminées et certaines en cours, dont une avec Neko ; alors rendez-vous en 2021 pour découvrir tout cela !!!

Tanguy BLACHERE