Sakpatek : Quand le Vaudou s’invite dans les basses

Sakpatek nous vient tout droit de la scène Hardtek, et se livre à nous dans cette petite interview, où l’on apprend beaucoup de chose sur sa personnalité et son style !

Pour ceux qui ne te connaitraient pas encore, peux-tu nous parler de ton parcours ?

J’ai commencé à faire de la musique il y a bientôt 15 ans, en commençant par la guitare et en jouant essentiellement dans des groupes de metal.
En 2012, après que nous nous soyons séparés avec les membres de mon dernier groupe, je me suis tourné vers la production de musique électronique, en commençant par faire mes premières armes en Bass Music.
J’ai pu signer plusieurs de mes morceaux sur différents labels de ce style, et cela me motivait davantage à progresser et à m’étoffer…
En 2016, un ami m’a fait découvrir la Hard Music, et j’y ai trouvé une richesse sonore vraiment intéressante.
J’ai tout d’abord commencé à faire des lives dans ce style, et depuis 2018, je me suis mis à le produire.

Tu as un univers bien à toi, comment définirais-tu ta musique ?

Elle est relativement tribale, car c’est là que réside mon univers : le vaudou. Mon nom de scène vient de “Sakpata”, une divinité vaudou qui symbolise la terre, d’où l’ethnicité, les percussions, ou encore les chants tribaux dans mes productions.
Combiné avec la Hard Music, cela accentue l’ambiance tribale et sombre, le but étant d’amener le public à une sorte de rituel.
Je la définirais aussi comme contrastée. Je compose énormément de mélodies dans mes morceaux, ça s’accorde très bien avec la Hard Music. Entre douceur et violence…

Où puises-tu ton inspiration ?

D’énormément de choses… En plus de mes sonorités tribales, mon style flirte avec la Hardtek, le Frenchcore, le Hardcore Industriel, le Neurofunk et la Synthwave.
Je n’ai jamais voulu me définir et me cantonner dans un style précis de Hard Music. C’est un style avec une palette de son extrêmement large, qui peut se marier avec énormément de genres musicaux.
Beaucoup d’artistes m’inspirent également. Fant4stik, Sei2ure, Broken Minds, Alryk, eDub, The Mastery, Slipknot (d’où le masque), Carpenter Brut, Noisia… La liste est encore longue, mais l’on retrouve un peu de tout cela dans mes morceaux.

Ton dernier morceau est sorti le 27 mai, peux-tu nous en parler ?

J’ai sorti “Une Histoire de Rave” chez Cosmic Records, un label toulousain que j’apprécie beaucoup et avec qui je collabore régulièrement.
C’est un hommage en Frenchcore à la série française “H” qui était diffusée à la fin des années 90 et début 2000. Dans le morceau tu peux retrouver des kicks qui tapent sec, des percussions, des mélodies et même une phase “funky” !

J’ai également utilisé des samples de Jamel Debouzze, Eric Judor ou encore Ramzy Bedia. L’assemblage de tous ces samples vocaux raconte une petite histoire, celle de l’euphorie que l’on peut avoir durant une rave.
À l’origine, l’idée de reprendre certains passages de “H” ne venait pas de moi, mais d’une bande d’amis qui m’ont longtemps dit que ça serait une bonne idée de reprendre la série.
Le nom “Une Histoire de Rave” vient également de l’un d’entre eux. Ils ont même eu le droit de se retrouver à un endroit précis de la pochette que j’ai moi-même réalisée. Sans doute que les fans de “H” qui ont écouté le morceau, ont dû remarquer ce détail…
Ce qui est drôle, c’est qu’un mois après la sortie de “Une histoire de Rave”, la série “H” se retrouve sur Netflix, c’est assez marrant !

As-tu d’autres projets en cours ?

Oui. Actuellement je suis en train de terminer un EP de 2 pistes. J’ai réussi à trouver un très bon compromis entre la Hardtek, le Hardcore Industriel, le Neurofunk et la Synthwave.
Il va être plus brutal que mes précédentes sorties, et c’est probablement le chemin que je vais entreprendre par la suite pour les morceaux à venir. Suite à cet EP, je me lancerai dans un album.
Il ne contiendra exclusivement que des collaborations, en grande partie avec les artistes de Cosmic Records, mais pas que ! Ça va être laborieux, mais je vais prendre beaucoup de plaisir à le faire.
Il y a un autre projet en cours, qui devrait se dévoiler d’ici quelques mois, mais qui n’est pas du tout musical. Compte tenu que c’est quelque chose d’assez inédit, je préfère le garder secret jusqu’au moment de sa sortie.
La seule chose que je peux dire, c’est que cela permettra de mieux comprendre mon personnage, et l’univers qui gravite autour…

Une collaboration improbable mais qui te tient à cœur, tu dirais qui ?

Buffout Boy, un producteur polonais, et un grand ami du son ! Il y a 3 ans, nous avions collaboré ensemble sur un morceau Synthwave qui a eu pas mal d’écoute !
On a tellement aimé cette collaboration que nous prévoyons de faire un EP, voire plus. Ce sera un side-project en Synthwave, en plus de la Hard Music….

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton métier ?

Pour la partie production, j’aime énormément la synthèse. Pouvoir créer mon son en partant de zéro, expérimenter les sonorités et voir son projet prendre vie.
Pour la partie live, j’adore le contact avec le public. J’aime quand je réussis à transporter les gens dans mon univers, échanger et jouer avec eux, le temps d’un set.  Ça me procure beaucoup de plaisir.
Pourtant, les gens qui me connaissent bien savent que je suis quelqu’un d’extrêmement introverti. Il y a énorme décalage entre le “moi” de tous les jours et Sakpatek, et je pense que le masque y est pour beaucoup.
Il me rend plus expressif et me permet d’avoir plus de lâcher prise.

Un dernier mot pour nos abonnés Hardcore France Mag ?

Le meilleur est à venir, donc préparez-vous ! 😉

Comment as-tu vécu cette période de confinement ? Quelles étaient tes occupations ?

Je m’attendais à ce que cela soi anxiogène, mais au final pas tant que çà. Simplement, l’atmosphère qui régnait était vraiment bizarre. Personne dehors, on se regardait tous un peu de travers au moment de faire les courses ou autres…
C’était vraiment étrange. J’ai passé pas mal de temps à faire du son durant cette période. On va dire que cela le côté bénéfique du confinement, pour moi !

Timothée Podevin